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  • Photo du rédacteurRhéa-xion

Faites entrer l'accusée ! ( Chronique avec spoils)

Dernière mise à jour : 21 mai 2020



On dit souvent que le hasard fait bien les choses, et pour cause, ce deuxième article que je m’apprête à coucher sur le blog pour les beaux yeux de mes potentiels lecteurs, rejoint de près ou de loin celui sur Unbelievable, la série. C’est donc à chaud et après avoir vu dans une très petite salle de cinéma et donc devant un très petit écran, La fille au bracelet de Stéphane Demoustier, que je vais encore une fois vous parler de jeune femme, d’accusation et donc d’affaire judiciaire. Je ne saurai dire si c’est mon féminisme ordinaire ou mon attrait pour les histoires de justice et d’injustice qui m’attirent irrévocablement vers ce genre de fiction ces temps – ci, mais il vrai que l’éloquence d’un avocat, le point de vue d’une accusée et le suspense d’une affaire grave et non résolue est une recette qui, sur moi, fait toujours son petit effet. Ajoutons à cela une pincée de sel de Guérande pour donner un arôme français que j’aime bien, et alors, il y a toutes les chances pour que les fauteuils rouges soient chargés de mon petit postérieur. Car pour ceux ou celles, qui ont eu vent de mon précédent article sur Unbelievable et en ont lu les quelques lignes, mon penchant pour le cinéma hexagonal, n’est plus un secret.

Comme il est coutume de dire dans le jargon, le scénario de La fille au bracelet tient sur un ticket de métro : Une jeune fille de 18 ans est accusée du meurtre de sa meilleure amie.

Le film débute par une scène en plan fixe, sur une côte bretonne, montrant, à distance, Lise et sa famille profitant tous ensemble de ce moment chaleureux à la mer. Quand soudain, dans ce même plan fixe, arrive un petit groupe de trois policiers qui vient interrompre la fête en embarquant calmement Lise, dont on ne connaîtra le nom que plus tard. Le spectateur demeure en suspend devant cette scène où chaque dialogue est inaudible du fait de la distance, du bruit du vent et des vagues. C’est qu’ils n’ont pas leur importance dans cette introduction quelque peu déroutante qui ne sert que de flashback, puisque tout ce qui va suivre se déroulera deux ans plus tard. Cette scène introduit non seulement le métrage mais est aussi le préambule diégétique à l’affaire qui va poursuivre les personnages, durant ces deux années omises par une ellipse.

Le calme ressourçant de cette plage déserte, dans cet incipit, renvoie directement au caractère du personnage principal s'opposant à la dureté de l’affaire. C’est effectivement le personnage de Lise, interprétée par la toute jeune Melissa Guers, que je trouve particulièrement intéressant.

Stéphane Demoustier ne nous immerge pas totalement du point de vue de l’accusée, demeurant mystérieuse, mais plutôt du côté du père, interprété par Roschdy Zem (très bon acteur que j’ai vu pour la dernière fois dans Roubaix, une lumière), qui, au fur et à mesure que le procès avance, commence à découvrir une autre facette de son enfant, et doit se résigner à concevoir qu’elle n’est justement plus une enfant mais bien une adolescente qui a grandi peut-être un peu plus vite que les autres. L’affaire dévoile petit à petit, la vie secrète d’une adolescente qui profite et découvre la vie à fond, jusqu’à commettre certains actes qu’on ne raconte pas à nos parents.

Je pense que c’est ce que raconte essentiellement le film : Le jardin secret de nos enfants est parfois bien plus conséquent que l’on voudrait bien croire. Mais lorsque la justice s’en mêle, ouvertement, les secrets se démêlent…

Roschdy Zem, à la barre.

Alors que Lise, porte un bracelet électronique à longueur de temps, et passe ses journées au tribunal pour plaider sa cause devant une avocate générale douée mais inflexible, interprétée par Anaïs Demoustier ( oui, la sœur du réalisateur.), celle-ci demeure froide, distante mais toujours ferme dans ce qu’elle avance. Dans son impassibilité elle rejoindrait presque le personnage de Marie Alder d’Unbelievable, mais sa manière d’affirmer ses propos sans sourciller, qu’elle a par ailleurs appris sur le bout des doigts coachée par son papa, m’a donné le sentiment d’une très grande force intérieure qui passe pourtant, aux yeux de la justice, et en particulier aux yeux de l’avocate, pour un comportement suspect, à charge, témoignant de sa culpabilité.

Si tout le métrage fait montre d’un suspense maîtrisé, de personnages consistants et d’une affaire intrigante, la fin de celui-ci se veut un peu plus décevant selon moi. En effet, le film prend son temps, et c’est une bonne chose : les sessions procédurales en huis – clos au tribunal sont suffisamment construites, profondes et émouvantes...Mais alors qu’avant la révélation finale, Lise se met enfin à montrer une émotion poignante, prouvant ainsi qu’elle n’est pas si impassible qu’elle ne le laissait paraître, et s’adressant essentiellement à ses parents et à ceux de sa meilleure amie, dans un discours dramatique et sachant me tirer quelques larmes, ( ce qui n’est, soit – dit en passant pas très difficile chez moi) le réalisateur, pour je ne sais quelle raison, décide de précipiter la résolution de l’affaire, à tel point qu’on ne la voit à peine passer. Tel un coup de vent, en l’espace de quelques minutes, qui paraissent des secondes, Lise est acquittée ! « Que ? quoi ? où ? comment ? Euh ? Hein ? Ah ! » Voici les quelques mots qui m’ont traversé l’esprit pendant que Lise, détachait poétiquement le bracelet de son mollet, avant le générique… Je veut bien admettre, que le film n’avait pas pour objectif d’éclairer l’affaire au point d’aller jusqu’à la découverte du meurtrier, mais l’impression de passer du coq à l’âne, m’a paru assez stupéfiante et précipitée.


Du reste, j’ai passé un bon moment sur mon petit fauteuil rouge.

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