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  • Photo du rédacteurRhéa-xion

Namasté à Paris

Dernière mise à jour : 3 déc. 2020



Après un premier confinement passé, sans avoir coucher une seule ligne sur le blog, (trop occupée avec les lignes du mémoire de fin d'année!) j’ai finalement misé sur le karma productif de ce deuxième round hivernal, en place pour un combat platonique entre Covid 19 et moi – même. A défaut de pouvoir aller au cinéma, puisque le temps s’arrête encore une fois je laisse aujourd’hui mes doigts pianoter vivement sur mon clavier d’ordinateur, pour vous présenter une série qui me tiens particulièrement à cœur depuis que j’en ai fait la découverte.


C’est sur Youtube, cette plateforme de contenu vidéo en tout genre qui dépasse les deux milliards d’utilisateurs par mois, que se trouve diffusée gratuitement l’une des plus belles et atypiques série de notre dernière décennie (à mon humble avis) en France : « La Vie Douce ».

Elle m’égaye le cœur et l’esprit chaque fois qu’un épisode est de sortie.


Si vous aviez envie de lire une critique filmique cracheuse de haine comme est capable de le faire Sutter Caine (Oui j’en profite pour faire un peu de publicité à mon confrère critique cinématographique) dans un de ses articles comme celui sur Suspiria (2018) de Luca Gudagnino, vous vous êtes trompé d'adresse car, mon article sera plutôt semblable à l’étalage d'une substence arc en ciel, d'où les licornes galopent en laissant derrière elles des chemtrails en cœur rose bonbon à paillettes. Vous êtes prévenu.

Et pour cause, cette série est bien à l’image de son titre, si elle existe c’est pour apporter un vent de douceur dans la vie quotidienne de ses personnages mais aussi et surtout de ses spectateurs. C’est au nom de la simplicité, de la sincérité et de la vraisemblance que Célia Millat et Bastien Garcia, les créateurs de ce petit bijoux, s'inspirant de leur vie personelle, réalisent une sorte d’ovni cinématographique frôlant l’aspect documentaire amateur tant le ton est d’un réalisme à couper le souffle.


Je ne me souviens plus bien de quelle manière je suis tombée sur un épisode de cette série mais il m’a fallut un petit temps (genre le temps de deux épisodes random peut - être) avant de comprendre le concept et finir par en tomber littéralement amoureuse. Je consent, mais très furtivement, que les épisodes au premier abord peuvent paraître un peu déroutant pour ne pas dire rebutant, par leur forme. Filmés de très près, en gros plan sur les visages le plus souvent, avec une mise au point qui semble aléatoire s'ajustant au gré du mouvement de la caméra... ce n’est certes pas l’esthétique qui prime, mais l'effet, volontaire, est finalement approprié et l’on s'y fait largement lorsque l’on s’est enfin laissé emporter.

La Vie Douce c’est le quotidien de jeunes parisiens de mon âge, c’est-à-dire approchant la trentaine, vaquant à des occupations sommes toutes normales pour ne pas dire banales. De discussions pouvant aller jusqu’au débat ou de légères disputes, des histoires d’amour ou des date Tinder (ou Happn) , des repas de familles et des soirées entre amies ou encore des cours de théâtres, bref, la vie.


C’est avec un vent de fraicheur et de naturel que l’on suit ces personnages sachant se montrer aussi attachant les uns des autres. La Vie Douce nous amène dans une intimité pure des relations interpersonnelles que nous connaissons déjà tous plus ou moins dans notre vie de tous les jours tout en abordant les aspects les plus actuels. Et oui car la temporalité de la fiction, pour suivre la ligne éditoriale du super réalisme, se déroule dans la même période que notre propre réalité, comme savent d’ailleurs le faire certains feuilletons télévisés que je ne citerais pas encore ici, afin de ne pas me faire jeter des tomates virtuelles. ( En ayant maintenant déjà trop dit, je pense que je vais quand même pouvoir me faire une bonne sauce napolitaine, bien rouge ! ).

Mais revenons à nos moutons, la série a donc aussi eu son lot de confinement et d’appels visio. Et malgré cela, les épisodes demeurent le même régal.

Et oui car l’une de ses plus grande force est la puissance d’identification aux personnages. Tout le monde peut s’y retrouver (Tant que nous restons des occidentaux citadins en tout cas ! ). Véritable peinture moderne du monde actuel, c’est la comédie humaine version bobo vegan en position du lotus, du 21è siècle. ( Bon j’exagère un peu dans ma comparaison, mais c’est pas loin).

Et toujours dans l'hyper réalisme, le fabuleux jeu d'acteur tand d'abord à nous faire croire à un jeu d'improvisation, étant données toutes les conditions évoquées précédéments pouvant faire penser à un documentaire, le jeu d'acteur ne peut que confirmer cette première impression, qui s'évapore assez vite dès que l'on s'aperçoit de la qualité d'écriture des dialogues. C'est toute la magie de La Vie Douce, dès qu'un épisode commence, nous entrons dans un univers hautement banal, avec un ton de parole des personnages tout aussi naturel, puis, vous vous sentez soudainement happé, sans avoir vu le temps passer, dans un terrible (mais pas moins beau) flux émotionnel qui vous entraine jusqu'à la fin de l'épisode.

Après avoir visionner les trente huit épisodes existant pour le moment, je reste toujours surprise et émerveillée de cet effet de maître.


Dans La Vie Douce, vous n’allez pas trouver de meurtre, pas de drame, pas de catastrophe, on y trouve plutôt l’expression d’émotions internes, intimes, parfois même philosophiques. En fait ce que La Vie Douce nous offre, ce ne sont pas des intrigues à proprement parler, mais plutôt des moments, des instants de vie soupoudrés souvent d'expressions artistiques ( la musique, la danse, le théâtre...) à vivre à travers notre écran. Ce sont ces instants qui se transforment en intrigue allant de cinq à une trantaine de minutes. (Plus le temps avance plus les éspiodes s'allongent depuis le début de la diffusion) Que ce soit l’ambiguïté naissante entre deux copines lors d’une petite soirée mondaine, le désir soudain de travestissement d’un homme en pleine après midi chez son pote, deux comédiens qui ne se connaissent pas et qui doivent jouer l’émotion la plus difficile en jouant un couple qui se regarde intensément droit dans les yeux, le malaise d’un date qui tourne mal, la beauté d’un date qui tourne bien ou encore un premier cours de yoga entre une prof et son élève se retrouvant en tête à tête dans un parc.

Bref, le point commun qui relie beaucoup d’épisodes de la série, c’est la manière dont une situation embarassante, un malaise social, une ambiguité, est capable de peser dans la durée jusqu’à nous tenir en haleine au point de nous demander à nous même si nous n'allons pas craquer avant eux. Nous avons soit le sentiment d’avoir déjà vécu exactement la même situation, soit l’envie de la vivre. La Vie Douce s’adresse beaucoup à notre empathie, mais aussi un peu à nos nerfs.


Malgré son côté simple, la série est loin d'être simpliste, et est (selon les épisodes) plus vicérale qu'elle en a l'air. C'est le reflet, tout en poésie, d'une génération Y dans son environnement naturel. Après un épisode de La Vie Douce on ne peut pas switcher directemment dans notre quotidien juste après le générique de fin. Non, chez moi, un temps silencieux et méditatif sur ce qui vient d'être vécu est nécessaire.

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